Les modèles mentaux avec lesquels nous avons évolué jusqu’à présent nous ont permis d’arriver là où nous sommes aujourd’hui, mais rendent difficile l’acquisition de postures et comportements adaptés aux nouvelles réalités du monde.

De nombreux projets de transformation et programmes destinés aux managers sont mis en œuvre, les uns après les autres. Ils font toujours progresser, mais peinent à intervenir auprès des modèles mentaux.

Le risque est alors qu’avec des organisations innovantes perdurent des postures et comportements dont la dlc est dépassée !

Qu’est-ce qu’un modèle mental ?

Dit simplement, nos modèles mentaux sont nos manières de voir, interpréter, donner du sens, agir et anticiper les résultats de nos actions dans le monde qui nous entoure.

Ce sont les schémas qui sont engrammés en nous depuis fort longtemps, et que les événements de la vie, parfois brutaux, nous invitent à revisiter.

Mais nous pourrions aussi traverser toute notre existence avec les mêmes modèles mentaux, au risque de nous déconnecter de plus en plus avec ce qui se passe autour de nous.

C’est une notion complexe, donc ne rajoutons pas de complication à cette complexité et tentons une métaphore.

Celle qui me vient est issue de la nature et de choses très simples qui m’entourent, comme souvent.

La situation de départ en une phrase

Il nous manque de la place pour planter quelques salades supplémentaires, le potager affiche complet, et d’ailleurs elles n’y réussissent pas si bien que ça cette année, malgré un respect méticuleux des conseils prodigués par nos amis spécialistes.

Les solutions que notre modèle mental traditionnel nous inspire

Plusieurs options :

  • agrandir le potager
  • ajuster notre consommation à la production,
  • revoir les tailles de parcelles du potager affectées à chaque type de légume,
  • changer de variété de salade,…

Le modèle mental sous-jacent pourrait se résumer de la manière suivante : un légume est une plante potagère, par opposition à une plante d’agrément. Une plante potagère est nécessairement cultivée dans un potager ou dans un bac de permaculture dédié.

L’option qu’un modèle mental alternatif nous inspire

Nous tentons de planter quelques pieds de salades dans des espaces généralement dédiés à l’ornement, par exemple sous la protection et en compagnie d’un petit sapin d’agrément. Peu de chances de réussite, mais on va tenter, on n’a rien à perdre.

Le modèle mental alternatif pourrait s’exprimer ainsi : les catégories « plante potagère » et « plante d’agrément » n’ont plus de sens, les plantes savent mobiliser naturellement leurs ressources pour jouer les complémentarités entre elles, et à partir de là un sapin et une salade peuvent mutuellement s’apporter des nutriments, se protéger, voire s’embellir.

Le résultat

Et puis voilà qu’après un début laborieux, quelques tentations de revenir à l’ordre ancien, ces salades se sont mises à grandir, s’épanouir, se magnifier. Et pourtant les conditions objectives ne sont pas réunies, la terre n’est pas idéale, l’exposition non plus, sans compter les sourires amusés de nos amis qui nous rangent dans la catégorie des originaux.

Quelques ingrédients transposables dans les transformations de nos organisations

  • Test & learn : faire d’abord, surfer sur la joie d’essayer, accepter de se tromper, apprendre par petites étapes, ajuster au fur et à mesure
  • Persévérer : poser un acte, se méfier de la tentation de revenir en arrière lorsque les résultats n’apparaissent pas de suite, suivre ses intuitions, et essayer encore et encore,
  • Laisser un peu de temps : accepter que les choses qui poussent ne se voient pas de suite, résister à son envie de se rassurer et de tirer sur la salade pour qu’elle pousse plus rapidement,
  • Se méfier de la logique pure : le modèle « causes – effets – conséquences » appliqué aux situations complexes nous renforce dans nos modèles mentaux. Accepter qu’une bonne décision soit aussi le fruit d’un mélange d’intuition, de conviction, de challenge, de risque,…
  • Confiance : en soi, en ses intuitions, en la capacité des autres à prendre les choses en charge à partir du moment où on leur laisse l’espace et le temps pour le faire

Et comment travailler les modèles mentaux en pratique ?

  • En individuel, dans le cadre d’une relation de coaching,
  • Avec une équipe, lors d’une supervision d’équipe,
  • Au niveau de toute une organisation, en démarrant un travail avec l’équipe de direction

La démarche est subtile et nécessite quelques pré-requis. Quelle que soit la modalité utilisée, il s’agit en somme :

  • De mettre à jour les modèles mentaux qui régissent les modes de réflexion et d’action de la personne, de l’équipe, de l’organisation,
  • Les nommer, les caractériser, reconnaître ce qu’ils ont permis de réaliser jusqu’à présent,
  • Reconnaître aussi, quand c’est le cas, leur date de péremption pour une situation donnée,
  • Identifier des modèles mentaux alternatifs, en sélectionner un,
  • Faire un travail de stretching entre les modèles mentaux en place et les modèles alternatifs,
  • Identifier les jalons, et les ressources dont on a besoin
  • Et démarrer l’entraînement…

Le tout avec légèreté,

De l’humour lorsqu’il s’agit de regarder avec bienveillance la manière dont nous continuons à faire toujours plus de la même chose quand quelque chose ne va pas,

De la modestie lorsqu’il s’agit de se doter de modèles mentaux alternatifs, que cela nous désoriente et nous met en zone inconnue, que nos collaborateurs nous regardent avec circonspection, que les résultats ne sont pas tout de suite au rendez-vous,

Et si on expérimentait ?

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